Le Père Noêl
existe. Si, si, écoutez plutôt !
Mardi dernier, Igor,
mon fox terrier de trois ans n'est pas rentré à la maison. Il
n'avait jusqu'ici découché qu'une fois, mais s'était dépêché de
rentrer, tout penaud, dès le lendemain.
Il avait passé la
journée chez mon voisin, juste de l'autre côté du ruisseau,
intéressé par la présence de deux élagueurs à qui ils avait fait
la fête, curieux de leurs travaux.
Mercredi soir, rien.
Jeudi matin personne, jeudi soir, toujours rien. Grosse, grosse
inquiétude ...
J'avais entre temps
prévenu la mairie de mon bled, mon véto, la gendarmerie, passé des
annonces sur les sites spécialisés. Mais je n'y croyais plus. En
effet, Igor est équipé d'un collier avec son nom et mon numéro de
portable, et plus d'une fois, cela m'avais permis de le récupérer
quand, plus jeune, il fuguait souvent. Là, pas d'appel.
Si personne ne
m'avait appelé, si il n'était pas rentré seul, c'est que personne
ne l'avait trouvé et qu'il était empêché d'une façon ou d'une
autre..
Bien sur, j'avais
arpenté le quartier, et d'abord le terrain de mon voisin où les
élagueurs l'avait vu encore mardi soir. J'appelai, sifflai, utilisai
le sifflet à ultrasons auquel il répond d'habitude instantanément,
rien. Je me suis armé de courage et ai fouillé les fossés le long
des routes du coin, appréhendant ce que je pourrait y trouver ...
J'ai même fini par
suspecter les élagueurs de l'avoir volé, et je suis aller espionner
pendant deux heures, leur maison, à 20 kilomètres de chez moi.
Je ne vous explique
pas quel réveillon de Noël j'ai passé en famille, essayant de
faire bonne figure alors que j'étais pétri d'angoisse, le cœur en
miettes.
Hier, cinquième
jour de disparition, j'ai fini par accepter que je ne le reverrais
jamais, j'ai commencé à ranger ses affaires, caisse, harnais,
laisses, croquettes. Et, en début d'après-midi, je suis sorti
bricoler au garage, pour m'occuper les mains, moins penser si c'était
possible, le moral au fin fond des chaussettes, et, je dois l'avouer,
les larmes au bord des yeux...
J'étais en train de
démoustiquer la face avant de mon camping-car quand soudain, j'ai
entendu, très loin, comme un gémissement de bébé. J’arrête
tout, j'écoute, et de nouveau, ce bruit qui ressemble en fait à un
gémissement de chiot, qui vient de l'autre côté du ruisseau, de
chez le fameux voisin.
Je me précipite,
plus rien. J'écoute, les deux oreilles tendues au maximum, et de
nouveau ...
J'ai mis un quart
d'heure à localiser ce gémissement, et soudain, dans une buse en
PVC posée en pente, dans un bric à brac de tuyaux et de branches,
le cul d'Igor, coincé au fond, incapable de faire marche arrière,
glissant sur le plastique !
Le Père Noël à
qui, je l'avoue, j'avais fait une petite prière avait décidé que
j'avais été sage et que je méritais un beau cadeau.
Il m'a suffit de
pencher la buse pour qu'il glisse à l'extérieur, accompagné d'une
puanteur infâme, flageolant sur ses pattes ankylosées. Je l'ai
porté au ruisseau où il a bu pendant de longues minutes, puis
direction la douche pour un premier shampoing rapide. Il a accepté
un peu de viande, mais sans conviction.
Puis, il s'est blotti
dans sa caisse, et s'est rapidement endormi. Je pense qu'il faudra
quelques jours pour qu'il évacue le stress extrême qu'il a du
subir.
Le mystère est :
pourquoi n'a t-il pas aboyé, ne s'est-il pas manifesté d'une façon
ou d'une autre, surtout quand je suis passé, plusieurs fois, tout
près de lui, durant ces cinq jours de recherches ?
Mais aucune
importance, aujourd'hui, je suis le plus heureux des Papyluc, j'ai
remis toutes ses affaires en place, et j'ai enfin, comme lui, bien
dormit cette nuit.
Ce matin, dès 9 heures, nous étions chez le vétérinaire. La séance a duré 2 heures et demie ! Sous le poil se cachaient de nombreuses plaies, plus ou moins profondes, conséquences des frottements quand le chien a tenté, pendant des heures, de se sortir de ce très mauvais pas.
Rien de gravissime, mais au moins deux semaines de soins méticuleux. Igor, qui n'avait pas, à ma demande, été anesthésié, s'est laissé soigner sans une plainte, sans un mouvement d'humeur.
Voici donc Igor la Momie de retour à la maison, où, après l'angoisse règne la joie des retrouvailles ...