Qu'y a t'il de commun entre ces deux univers qui m'attirent également ? Bien sur, les paysages, leur beauté, leur immensité.
Sans doute aussi le sentiment d'y être vraiment vivant, dans ces environnements, pourtant souvent hostiles, qui obligent à l'humilité, à l'effort, et ou les femmes et les hommes ont gardé de vraies valeurs humanistes.
C'est encore plus sensible sur le versant espagnol de ces vieilles montagnes, là
ou la terre, le climat, la végétation, n'ont pas facilité la vie des rares habitants historiques.
Ceux là, de la nouvelle génération, ont quitté ces lieux hostiles pour d'autres horizons, laissant derrière eux des villages entiers déserts.
Petit à petit, certaines de ces localités retrouvent une vie épisodique, leur maisons rachetées et restaurées, souvent avec goût, par certains urbains avides de grands espaces.
Le tourisme a aussi sauvé d'une désertification annoncée, les endroits les plus spectaculaires, les vallées les plus accueillantes, proposant activités et randonnées, avec plus ou moins de bonheur.
Un de ces endroit est, sans conteste, le "Parque de Ordesa y Monte Perdido", sans doute un des lieux à privilégier pour une découverte des Pyrénées Aragonaises, facilement accessible depuis notre région.
Pour vous mettre l'eau à la bouche, je vous y emmène ...
Samedi 11 mai :
Comme toujours, ce sont les prévisions météo qui guide le choix de notre destination. Or, elles sont exceptionnelles pour la semaine à venir, en particulier en Aragon.
C'est l'occasion d'aller découvrir ce parc national que nous ne connaissons pas. Le Mercos chargé, le jardin bien arrosé, nous prenons le départ.
Vers midi, halte déjeuner à Seissan, dans le Gers, en compagnie des pêcheurs de l'endroit en pleine activité de pêche aux glaçons ...
Dès les premières pentes, nous sommes dans l'ambiance.
Nous entrons en Espagne par le tunnel de Bielsa, après quelques minutes d'attente au feu qui y régule la circulation.
Arrêt à Bielsa, nous y faisons quelques provisions dans un des Supermercados frontaliers, et prenons un peu de documentation à l'Office de Tourisme.
Le parc commence ici. Le principe est de remonter les principales vallées, qui se terminent toutes en cul de sac, souvent sur de splendides cirques glaciaires. Celui de Gavarnie est juste derrière les sommets enneigés.
Comme dans tous les parcs en Espagne, il est interdit d'y passer la nuit. Par contre, et c'est un avantage par rapport aux parcs nationaux français, les chiens y sont autorisés, à condition qu'ils soient tenus en laisse.
Nous stationnons donc avant l'entrée de la zone, le long du chemin descendant du refuge et y passons notre première nuit en bordure du Rio Cinca.
Dimanche 12 mai :
puis, après les ablutions et le petit déjeuner, nous remontons jusqu'au parking.
Un petit en-cas dans le sac à dos, et en route. La randonnée démarre sur une piste large, la montée est douce et régulière.
Le spectacle est partout, la montagne s'offre dans ses plus beaux atours.
Bien que le gros de la transhumance n'ai pas encore eu lieu, quelques bovins sont présents dans les alpages les plus bas.
Nous sommes en mai, les fleurs commencent à être bien présentes.
La cascade de La Lari gronde, profitant, comme toutes les autres que nous verrons, de la fonte des neiges tombées récemment et en quantité.
Nous arrivons aux Llanos de La Lari vers midi. L'en-cas est le bienvenu.
Nous redescendons par la rive opposée du rio, beaucoup moins facile, raide et caillouteuse. Tout en bas, le parking nous attend.
Nous rejoignons le Parador, la chapelle toute proche,
puis le parking vers 14 heures. Nous sommes fourbus, les muscles endoloris, les genoux demandent grâce, mais c'est la rançon d'un hiver bien au chaud !
Vers 15 heures, nous repartons, passons Bielsa, puis Salinas de Sin, Lafortunada, Escalona, croisons un troupeau en partance vers l'estive
faisons connaissance avec une famille entière prenant son bain
avant de tourner à droite en direction d'Escuain.
Sacrée route que celle de cette petite vallée, étroite, très étroite même, pentue, et peu carrossable. Bref, il nous faut pas loin d'une heure pour couvrir les 16 kilomètres, avec, heureusement, un seul croisement avec un autre fourgon qui nécessitera un peu de marche arrière, et le repli des rétroviseurs ...
Un petit parking, à l'entrée du village, nous servira de bivouac. Un point d'information existe au village, avec de bons conseils et une carte succincte, mais qui a le mérite d'exister.
Il nous reste assez de forces pour finir l'après-midi en parcourant le chemin des Miradores, qui offre de superbes vues sur le rio Yaga, et permet d'observer quelques beaux rapaces, dont les fameux vautours blancs et bien sur, les gypaètes barbus.
Puis nous faisons le tour du village, ou se mêlent maisons restaurées et ruines.
Durant la promenade, je trouve, oublié par un randonneur, un "petit gobelet d'aluminium" qui devrait dire quelque chose aux fans d'Alain Souchon et de Théodore Monod.
Une heure plus tard, le camion est le bienvenu, pour un peu de repos avant le dîner et une bonne nuit de récupération sur ce bivouac bien sympathique.
Lundi 13 mai :
Encore une fois, nous avons passé, sur ce parking du bout du monde, une nuit paisible.
Ce matin, c'est un observatoire des rapaces qui est le but de notre balade. Pour cela, nous empruntons la "pista de la Valle" qui, en une heure et demi, doit nous y mener.
Personne d'autre que nous, exceptés les gardes du parc, la montagne est à nous.
La piste est large, elle monte lentement, préservant nos jambes. Elles vont mieux qu'hier, d'ailleurs !
Le spectacle est partout, en haut, vers les sommets, en bas, ou l'eau omniprésente, nous accompagne de ses murmures rafraîchissants.
Les genêts colorent la montagne, et diffusent leur parfum puissant et entêtant.
Nous ne sommes pas les seuls a apprécier la chaleur du soleil ;
Une belle cabane de berger marque le parcours.
Nous croisons les premiers signes de la présence des vautours.
L'observatoire, un pré dégagé en fait, n'est pas évident à repérer. Mais en effet, il permet de bien voir évoluer les grands rapaces, les jumelles étant bien sur indispensables.
Après trois heures d'une belle balade, retour au Mercos, déjeuner, sieste.
Vers 15 heures, nous entamons la descente vers la vallée du Rio Cinca. A Labuerda, nous faisons le plein de gasoil et d'eau, puis revenons sur nos pas pour entamer l'ascension de la vallée d'Anisclo.
Nous passons Puyarruego, puis Buerba. La route est ici aussi très étroite, ponctuée de multiples virages. La montagne nous offre de somptueux spectacles.
Après les bovins, c'est avec les ovins que nous devons partager la route.
Nous arrivons à San Urbez ou nous trouvons encore l'énergie de parcourir le circuit de San Urbez. En une heure, il permet de parcourir une partie du canyon d'Anisclo.
Tout ça donne soif. Les bêtes vont boire au torrent ...
Nous remontons ensuite jusqu'à Vio. Nous y trouvons de nouveau un bivouac au calme, au dessus du village.
Nous y retrouvons aussi nos moutons qui profite de la bonne herbe d'altitude.
Nous finissons la journée par une rapide visite du village. Carastéristiques de cette région, les cheminées tubulaires sont omniprésentes et très décoratives.
Ah, une rebelle anarchiste !
Le retour vers le camion permet d'apprécier notre bivouac de ce soir.
Le soir tombe. Les brebis ont regagné la bergerie.
Le ciel marque d' une croix cette belle journée.
Mardi 14 mai :
Quel plaisir que ces nuits en montagne, seuls ou presque, avec ce silence reposant. Quoi qu’aujourd’hui, le réveil-matin joue des airs de troupeau. Les brebis se lèvent avec le soleil, leurs bêlements en saluent l'apparition.
C'est l'occasion, une fois encore, d'une agréable promenade matinale avec Igor, tout excité par les odeurs inconnues qui lui chatouille la truffe.
Un peu partout, des panneaux décrivent les différentes parties du parc, y compris les randonnées. Ils sont d'une aide précieuse.
Vers 10 heures, nous laissons là le Mercos, et partons rejoindre le village voisin de Buerba par un chemin très joli, mais assez pentu et caillouteux.
Ici aussi, les cheminées enjolivent les toits.
Berbua est agréable, la plupart des maisons y sont joliment restaurées.
Le toit de l'église est naturellement végétalisé.
Nous continuons la promenade en poussant jusqu'à la source, la fuente Comos, ou les femmes puisaient l'eau lorsque celle-ci n'était pas courante.
Un monument leur rend grâce d'ailleurs.
Au retour, encore une rencontre animalière, un superbe Grand Paon de nuit, un peu perdu, sans doute rentré trop tard d'une virée nocturne.
De retour au Mercos, trois bonnes heures plus tard, nous reprenons la route. Puis la piste qui, seule, permet d'atteindre Sercue, hameau blotti près de son église.
La placette du village, ou coule l'eau d'une fontaine, ferait un beau bivouac.
Surprise : alors qu'il semble que toute vie ait déserté le village, un couple s'y adonne à l'artisanat et à la cueillette d'herbes sauvages, et en fait commerce.
Nous repartons avec un petit couteau en bois sculpté et un bocal de Té de Roca aux vertus bienfaisantes.
C'est à Broto que nous déjeunons de quelques tapas en terrasse d'une des rares cafétérias ouvertes.
La curiosité du lieu est sa cascade, que l'on rejoint en quelques minutes depuis les dernières maisons.
Et c'est vrai qu'elle est spectaculaire et mérite le détour.
Pour la photo, j'y prend une légère douche d'embruns ...
Bien sur, Igor en profite pour prendre son bain quotidien !
Sur le chemin, quelques chèvres et leur chevreaux, dont un venant tout juste de voir le jour, regardent, impassibles, défiler les visiteurs.
Nous entamons ensuite la longue montée de la vallée d'Ordessa. Nous poussons jusqu'au parking du cirque pour préparer la journée de demain.
Ici, l'ambiance change. Le tourisme est plus présent, le parking immense et bien plein, avec restaurant et boutique de souvenirs. L'office de tourisme propose, ici comme dans toutes les autres vallées, un petit plan, sommaire mais suffisant.
Pas question, hélas, de dormir ici. Et nous nous décidons pour une nuit au camping Rio Ara, le seul ouvert, juste à la sortie de Torla.
Celui-ci est superbe, bien entretenu, avec des sanitaires magnifiques et des propriétaires charmants. Le tout pour 17,80€, prix plus que raisonnable pour un endroit touristique.
Fin de journée, le soleil couchant donne aux montagnes des couleurs mordorées.
Mercredi 15 mai :
Le camping est équipé pour les pleins et les vidanges. Nous en profitons, juste avant de le quitter.
Nous rejoignons le parking du cirque, puis commençons la montée, à travers la forêt de hêtres, dont plusieurs remarquables, vers les cascades qui sont une des curiosités de l'endroit.
Nous longeons le Rio Arripas, et découvrons la cascade du même nom,
puis celle de la Cueva,
et enfin la plus spectaculaire, celle d'El Estrecho.
Malgré l'heure matinale, de nombreux visiteurs sont déjà présents.
La descente se fait par l'autre rive du rio, grâce à une piste qui serpente à travers une belle forêt, dont certains arbres poussent à même le rocher !
Quelques quartiers d'orange pour se redonner du courage, Igor en est un grand amateur.
De retour au camion vers 12 heures 30, nous continuons la route pour rejoindre notre dernière escale, le Balneario de Panticosa.
Nous le faisons par Biesca, en passant le Puerte de Cotefablo et son long tunnel.
Nous contournons le lac de barrage de Panticosa en tournant vers Hoz de Jaca.
La route, au détour d'un tunnel, passe sur le barrage.
C'est une très jolie route, très étroite au départ, qui passe devant une spectaculaire tyrolienne qui doit bien faire 500 mètres de long !
Frisson garanti, hélas elle ne fonctionne pas encore.
Un belvédère suspendu au dessus du vide permet de superbes panoramas sur le lac.
C'est ensuite la montée vers les installations balnéaires, à quelques kilomètres de la ville.
Ici aussi, les naissances se succèdent.
A l'arrivée, la déception est grande ! Difficile de défigurer à ce point un magnifique coin de montagne ...
L'entrée sur le site se fait le long d'une usine d'embouteillage abandonnée et d'immenses parkings à étage, en béton gris, dont la construction est stoppée.
Puis ce sont les bâtiments des bains et les deux hôtels attenant, d'une architecture moderne très discutable. Là aussi, quatre grands bâtiments en cours de construction sont à l'abandon.
Au milieu, l'ancienne chapelle fait figure de rescapée.
Les quelques bâtiments restant de l'ancien site, laissent imaginer ce qu'une restauration dans le style primitif aurait pu conserver du côté désuet de cet endroit longtemps apprécié, parait-il, de la famille royale espagnole.
Les anciens bains sont laissés en ruine.
Rajouter à cela un parc tenant plus du terrain vague, des allées défoncées, bref, un site à oublier sauf ... sauf, comme le fait Mamydomi, a profiter des installations balnéaires pour un petit moment de papouilles et massages.
Pendant ce temps là, je me promène, profitant du spectacle de l'hélicoptère ravitaillant le refuge d'altitude.
Ici aussi, l'eau est partout, courant par les torrents, tombant en cascade.
D'ici partent aussi des courses en montagne. On croisent nombre d'alpinistes, aux sacs à dos monstrueux, qui viennent profiter du refuge.
Nous passons la nuit ici, l'endroit, la nuit tombée parait tranquille. Nous fermons le Mercos sur un dernier clin d’œil de la lune.
Jeudi 16 mai :
Les randonnées proposées ici sont d'un niveau nettement au dessus de nos capacités.
Nous redescendons donc vers la vallée. Arrêt ravito et visite de la jolie ville de Sallent.
Un curieux kiosque à palabres !
J'y découvre une brocante incroyable !
Comme prévu, la météo est en train de changer, la pluie, en quantité, est prévue dès ce soir et pour les prochains jours.
Le retour s'impose donc, et nous quittons l'Aragon par le col du Pourtalet, non sans avoir acheter quelques alcools et souvenirs dans l'une des ventas, côté espagnol.
Sur le parking, un petit frère du Mercos, beaucoup plus jeune.
Nous déjeunons sur le parking du col. Nous y faisons la rencontre d'un couple dynamique, qui vont livrer une deuche à des amis à Cadix, et ce depuis la Haute Saône ! Jusqu'ici, tout va bien ...
Pas de balade digestive ici, nous sommes dans le Parc National des Pyrénées et les chiens y sont interdits.
Nous descendons donc, puis tournons à gauche pour rejoindre le lac de Bious- Artigues, dont nous faisons le tour en une petite heure. Nous sommes aussi dans le parc, mais Igor, en laisse, est tout de même de la promenade.
Tout ça dans l'ombre majestueuse du Pic du Midi d'Ossau.
Ah, si cette petite maison était à vendre ... mon rêve !
Nous quittons enfin la montagne, trouvons une fromagerie à Laruns pour acheter un peu de fromage de brebis, faisons un petit pélerinage à Igon, ou nous habitâmes il y a bien longtemps.
La charcuterie que nous fréquentions alors est toujours là, tenue par la même famille, modernisée bien sur. Je ne peux m'empêcher d'y faire quelques achats.
Que dire de plus ...
Enfin, un peu avant Vic en Bigorre, nous trouvons un joli bivouac, au pied du prieuré de Saint Lezer. Un robinet est à disposition, un parcours archéologique explique l'intérêt du site, vieux de près de trois millénaires.
A peine installé, une dizaine de pompiers arrivent pour la photo annuelle destinée à leur calendrier.
Un bon moment de rigolade avec cette petite troupe de volontaires, aussi motivés que sympathiques. L'une d'entre elles nous confirme que la cloche sonnant l'heure au clocher du prieuré se tait, la nuit tombée.
En fond d'écran, la chaîne des Pyrénées, et le mythique Pic du Midi, de Bigorre cette fois, et son célèbre observatoire.
La joyeuse troupe partie, nous retrouvons seuls pour la nuit dans ce bel endroit.
Vers neuf heures, les premières gouttes se mettent à tomber. Elles le feront toute la nuit.
Vendredi 17 mai :
Voilà le décor, ce matin !
Rien à dire de plus.
Reste à tracer la route jusqu'à la maison.
Nous y sommes vers midi, le jardin sera bien arrosé ...